STRESSAUTRAVAIL

Vu dans les médias


Les smartphones peuvent aussi veiller sur vous... mais si, mais si.

19/01/2018 1/4

06-03-2017 L'innovation se met au service du bien-être au travail

 

Les éditeurs de Serious Games et d'applications RH rivalisent d'imagination pour aider les employeurs à libérer leurs salariés des souffrances au travail. A l'instar de cette application qui, le soir, affranchit les employés de la laisse électronique. Citons aussi ce bouton SOS qui transmet des messages d'alerte au DRH ou au directeur de l'entreprise en cas de burn-out ou ce Serious Game conçu dans le but d'épauler les managers de proximité confrontés à des problèmes RH. Notification récurrente ou ponctuelle, passée une certaine heure, application de blocage... le smartphone n'est plus une laisse électronique. © Calldoor Burn-out, dépressions, absentéisme, troubles musculo-squelettiques... Autant de signes qui peuvent témoigner d'un problème organisationnel en entreprise, d'une souffrance au travail due à un manque d'intégration ou à un harcèlement. Pour aider les employeurs à prévenir ces maux ou à les résoudre, les startups multiplient les innovations. A l'instar de Zestmeup qui permet aux employés d'alerter le DRH ou le directeur de l'entreprise en cas de harcèlement. Citons aussi Tell Me The Truffe qui encourage les salariés à libérer leur parole sur des sujets tabous, ou encore Wellogy qui délivre des exercices pour combattre l'anxiété. Sans oublier Calldoor qui aide les salariés à s'affranchir des mails, appels et SMS qui leurs sont expédiés le soir, au risque de perturber leur nuit.  Une application pour se débarrasser de la laisse électronique le soir Pour obliger les employeurs à respecter les temps de repos et de congés de leurs salariés, rappelons que, depuis le début de l'année, les entreprises de plus de 50 personnes doivent mettre en place des instruments de régulation de l’outil numérique. L'enjeu étant de libérer les salariés de leur laisse électronique, autrement dit du smartphone ou du laptop professionnels. C'est d'ailleurs ce que propose la startup Calldoor avec deux applications à télécharger sur les smartphones Android ou iPhone des salariés.  La première est axée sur la notification récurrente ou ponctuelle. Passé une certaine heure, l'application rappelle aux salariés que c'est l'heure de se déconnecter du téléphone professionnel. « Le gestionnaire peut toutefois paramétrer différents profils en fonction des postes occupés », indique Edouard Mongrand, fondateur et directeur d'ED2. L'entreprise créée en novembre 2015 à Bidart (Pyrénées-Atlantique) commercialise également sous la marque Calldoor une application de blocage. Egalement disponible sur abonnement mensuel, elle interdit cette fois-ci de passer ou de recevoir des appels, SMS ou des Emails. En contre-partie, l'émetteur reçoit un message vocal ou écrit qui lui indique que son destinataire est déconnecté en vertu de la loi. De quoi faire boule de neige dans les autres organisations. « Le blocage des fonctions est une véritable innovation », revendique Edouard Mongrand qui a bénéficié d'aides financières pour un montant de 200.000 euros. En phase de tests chez des clients, l'entreprise cherche à réaliser une nouvelle levée de fonds pour accompagner son développement commercial.

 

Le salarié peut partager son humeur du jour avec ses collègues. © Zestmeup Un bouton d'alerte SOS pour se libérer d'un mal être au travail Mettre le salarié au coeur de leur mutation numérique, c'est désormais ce à quoi tendent les entreprises. Un besoin bien compris par Zestmeup, une startup parisienne d'une dizaine de personnes créée en 2015. « Nous avons développé une application disponible en mode SaaS [location à la demande sur Internet, NDLR] qui a pour ambition de prendre la température des salariés au travail de manière à mieux les écouter et remonter les points de difficultés et de friction,  de sorte à les réengager dans la réussite de l'entreprise », résume Christophe Bergeon, le président de l'entreprise qui compte plus d'une trentaine de clients dont la moitié sont de grands comptes. Entre autres, BPCE, Bouygues Construction, LVMH, Van Cleff & Arpels. Sans oublier le Groupe Paris Aéroport (ex ADP). En pleine transformation numérique, ce dernier a retenu la solution de Zestmeup à l'issue d'un challenge Innovation RH qui récompense les solutions RH innovantes. En utilisant l'application de Zestmeup, les managers prennent la température auprès de leur équipe en leur demandant un retour noté de 1 à 5 du type « Comment te sens-tu ? » ou sur des sujets particuliers. Les réponses sont restituées sous forme de courbes ou de graphismes d'humeur. Quant aux salariés, ils peuvent non seulement partager leur humeur à l'aide de photos et de vidéos mais aussi remonter leurs idées soit de manière spontanée soit à la demande de leur manager. Par ailleurs, en cas de mal être au travail, burn-out ou harcèlement, il leur suffit d'appuyer sur le bouton SOS pour prévenir la DRH, le directeur général ou la plate-forme de soutien psychologique, en fonction des dispositions préalablement prises par l'entreprise. Dans une prochaine étape, Zestmeup prévoit d'ajouter à sa solution de l'intelligence artificielle de sorte à donner des tendances et suggérer des actions. La mesure de l'humeur des salariés en temps réel est une question cruciale pour les entreprises qui ont du mal à anticiper le manque de motivation de leurs effectifs. Un constat également établi par l'éditeur Wellogy qui fournit un baromètre de l'humeur des salariés en temps réel. Grâce à cet outil, les DRH disposent de données objectives et alimentées également de manière anonyme par l'ensemble des salariés. Wellogy utilise à ce titre un processus validé par la Commission nationale Informatique et Libertés (Cnil) et par un cabinet international spécialisé en droit du travail. En cas de situation de stress ou d'anxiété, les salariés disposent sur leur smartphone d'un compagnon qui les aide à contrôler leurs émotions par des exercices qu'ont élaborés des experts en ressources humaines, sophrologie et médecine du travail. A chaque lancement de l'application, le salarié doit toutefois renseigner son humeur. 

 

Pour accompagner le programme « Quel Collègue êtes-vous ? », des animations peuvent être organisées. © Tell Me The Truffe Aider les employés à se libérer de leurs préjugés Le manque d'intégration au travail peut aussi être facteur de souffrance. D'où l'intérêt d'amener les salariés à se libérer de leurs préjugés en les encourageant à s'exprimer sur des thèmes sensibles, comme le propose le français Tell Me The Truffe. Cette entreprise de communication s'est spécialisée dans les sujets de la diversité et du handicap en entreprise. Avec des partenaires, elle a développé un format hybride associant le e-learning, les sondages d’entreprise et les tests de personnalité sur les réseaux sociaux.  Intitulé « Quel collègue êtes-Vous ? », ce dispositif encourage les employés à s'exprimer sur des thématiques encore souvent tabou dans les conversations courantes en entreprise, comme le handicap, l'égalité homme-femme, l'orientation sexuelle ou encore la pratique religieuse. Directement inspiré des tests de personnalité sur les réseaux sociaux, le programme implique le salarié dans un questionnaire qui parle de lui et de ses comportements face à des situations type. Par exemple, quel comportement adoptez-vous face à un malentendant. A charge pour le salarié de cocher une des trois solutions proposées. A la fin du questionnaire, le salarié reçoit son profil qu'il pourra partager ou non avec ses collègues.  « Nous proposerons le 8 mars prochain, lors de la journée des droits des femmes, un nouveau module dédié à l'égalité professionnelle et d'ici fin mars, nous en lancerons un autre sur l'orientation sexuelle », annonce David Herz, cofondateur de l'entreprise avec Eli Sic-Sic. Grâce à leur programme développé avec des partenaires dont DFD, un cabinet d’accompagnement en ressources humaines, ces derniers espèrent favoriser le bien-être au travail et aider à diminuer le taux d'absentéisme. Une dizaine d'entreprises ont adopté ce dispositif. Parmi lesquelles le distributeur Monoprix, l'assureur Axa ou encore Akka Technologies, un groupe d'ingénierie et de conseil. La question du handicap au travail mobilise bien sûr d'autres acteurs. A commencer par l'éditeur d'applications interactives Furet Company avec « Diversity'Scan ». Selon l'éditeur qui a noué un partenariat avec Accordia, un cabinet de conseil spécialisé dans l'accompagnement des politiques de diversité, il s'agirait de la 1ère application mobile en réalité augmentée pour sensibiliser aux enjeux du handicap et de la diversité en entreprise. Elle se compose d’une application mobile et d’un lot d’affiches, à positionner dans les lieux de vie de l’entreprise (machine à café, salle de pause…). Il suffit d'approcher son smartphone pour voir apparaître sur son écran des saynettes traitant du handicap, de l'égalité professionnelle ou de la mixité.  Des réponses concrètes pour aider les managers de proximité à se dépêtrer des problèmes RH En matière d'accompagnement RH, les managers de proximité sont souvent considérés comme les parents pauvres car ils sont plus souvent formés à produire des reportings qu'à faire face à des situations RH. C'est du moins ce qu'invoque Learning Concept, un éditeur de Serious Games. Ce dernier propose le programme « Améliorer vos réflexes de manager ». Constitué de modules de 10 minutes maximum, il fournit des réponses concrètes et adaptées aux problématiques de terrain sur le principe « à chaque situation, sa réponse ». Par ailleurs, Learning Concept donne accès à sa base de bonnes pratiques managériales disponibles en tout lieu et à toute heure. Parmi les thématiques traitées, citons « Comment recadrer son équipe sur les retards», « Comment dire à son collègue qu’il sent mauvais », etc.

 

Ce programme vise à soutenir les managers de proximité dans leur quotidien et à les faire monter en compétences avec des solutions ludiques et virtuelles à découvrir sur le salon Solutions RH qui se tiendra à Paris du 21 au 23 mars prochain.

 

Eliane Kan

 

Source : www.infoprotection.fr


19/01/2018
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D'OU VIENT LE MAL ?

UN SIMPLE COMMENTAIRE LAISSE AU BAS D’UN ARTICLE. JE NE CONNAIS PAS SON AUTEUR.

 

JE VOUS LE LIVRE CAR IL EST TRES INTERESSANT DE PAR SA CLAIRVOYANCE SUR LES MECANISMES QUI NOUS BROIENT.

 

A MEDITER.

 

16/04/2012, 13:50PAR MICHEL-LYON

Dans le passé, les dépressions et les suicides liées au travail, résultaient d’un face à face destructeur entre un pervers narcissique (terminologie actuelle) et un salarié susceptible de lui donner réplique. Spirale mortelle faite de défis, d’humiliations, de manipulations et d’un combat vital pour la dignité, qui écarte la fuite malgré les conseils de l’entourage. Combat pour la dignité jusqu’à l’obsession, jusqu’à l’épuisement car il devient impossible de trouver le sommeil, puis la sortie du rationnel jusqu’à la mort, car aucun choix n’est possible. Il est très rare que l’on comprenne que l’on est le jouet du pervers, que l’on se prête à son jeu, tant est forte la conviction de lutter contre l’injustice, pourla vie. Vraisemblablement, le pervers narcissique n’est pas conscient de la logique qu’il déroule dans sa traque impitoyable, agissant selon les failles de son psychisme.

 

Ce processus s’inscrivait dans une hiérarchie classique, qui comportait pour chaque salarié un supérieur hiérarchique unique, identifié. Les collègues du service ou de l’atelier pouvaient s’unir et tenter de le contrer. 

 

Les nouvelles méthodes et le nouveau management généralisés dans le privé depuis plus de trente ans,  sont instillées dans la fonction publique depuis une dizaine d’années, malgré les effets contre-productifs constatés dans le privé. Cela se constate avec l’apparition et la persistance des suicides lié au travail. Son cadre législatif : la LOLF et la RGPP.

 

Nouvelles méthodes d’organisation du travail et nouveau management font les choux-gras de cabinets spécialisés. Modernité géniale dispensée par les écoles supérieures et par les centres de formation des administrations. La hiérarchie univoque a été remplacée par des règles, des tableaux de bord multipliés par le nombre de directeurs. Le travail à faire débaroule sur l’écran de messagerie avec des priorités multiples. Aucun interlocuteur responsable pour discuter simplement par quoi commencer. Mais chaque directeur, dans son domaine peut vous tomber dessus à tout moment, parce que la parcelle qu’il attendait de vous n’est pas encore faite. Et périodiquement, le notateur. Tout cela, au détriment des missions, dans une irresponsabilité, une impunité qui grandit avec le grade. Seuls les agents d’exécution sont fautifs. Bureaucratie kafkaïenne, dont souffrent leurs agents et plus encore le public qui s’adresse à elles.

 

Celui qui cède aux jouissances de sa perversion peut se targuer d’être « un chef exigeant »  C’est bien vu et ça aide à la promotion. D’autant plus qu’en général les solidarités de grade jouent en protection réciproque : je te couvre et tu me renverras l’ascenseur. Le pouvoir favorise la perversion dans une organisation où l’irresponsabilité est généralisée. 

 

Le ministère nie le culte du chiffre. Bien sûr les circulaires techniques abondent : les énarques justifient leur paie. Le ministre a besoin de chiffres pour ses interventions au Parlement ou devant les médias, chaque mois. Et les lobbys industriels multiplient les pressions et intimidations pour faire ce qu’ils veulent, comme ils veulent et obtiennent que les sanctions pénales disparaissent des textes, ou soient impraticables, à l’instar des abus de biens sociaux qui ne peuvent plus donner lieu à poursuite au bout de trois ans ! Une quasi immunité.

 

Remarquez que la multiplication des dépressions et suicides liés au travail coïncide avec la surmultiplication des vices de fabrication, des atteintes à la santé publique  et à l'environnement. 

 

Sous la pression, lorsque le scandale des dépressions et suicides ne peut plus être nié, les employeurs recrutent un « cabinet spécialisé » qui limite le stress au travail à des causes individuelles, des faiblesses personnelles. Cela oriente vers des conseils de "maîtrise de soi", ou de "développement individuel": psychologie de supermarché et fortune des "coach" manipulateurs. Diversion qui évite soigneusement la véritable source destructrice : le fonctionnement de l'institution elle-même. Le cabinet qui ose s'aventurer sur ce terrain est promptement éliminé.

 

La fonction publique, au moins depuis la Libération a la double fonction, régalienne et fonction de régulation sociale. Depuis dix ans, la politique néolibérale ruine de la fonction de régulation. Bien sûr en réduisant l’effectif des agents d’exécution (en fait remplacés par un nombre croissant de directeurs, pour satisfaire les amis du pouvoir à recaser) Mais surtout en la réduisant à une bureaucratie à irresponsabilité généralisée, aveugle pour les conséquences de ses pratiques sur ses agents et sur le public. 

 

Les résistances au sein des administrations sont importantes. Mais le temps profite au pouvoir, qui laisse venir démissions et suicides, pour éliminer par épuisement et démoralisation ceux qui sont le plus attachés aux valeurs du CNR, effondrés en voyant bafouer les valeurs qui ont motivé leur carrière. 

 

J’ai ainsi tenté là de décrire des processus complexes en cours dans la fonction publique, ainsi que dans les associations qui agissent sur fonds publics.

 

Dans l’emploi privé et dans l’emploi public, nous assistons à l’avènement de la forme néolibérale de l’aliénation du travail et des travailleurs, en cohérence avec la mondialisation du pourrissement néolibéral de la société humaine.


17/04/2012
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L'usage des nouvelles technologies en question

Source : INRS (newsletter)

Rapport - L’impact des TIC sur les conditions de travail

29/02/12

Le Centre d'analyse stratégique et la direction Générale du Travail viennent de publier le rapport :

L’impact des TIC sur les conditions de travail

Regroupant les techniques utilisées dans l’informatique, Internet ou les télécommunications, les TIC ou technologies de l’information et de la communication ont investi le monde du travail depuis plusieurs décennies et l’ont transformé. La plupart des domaines d’activité les ont adoptées. La proportion des salariés qui n’y ont pas accès se réduit régulièrement.

Leur puissance, la variété de leurs fonctions et la possibilité de les intégrer dans un même ensemble confèrent aux TIC une importance stratégique qui dépasse de très loin celle de simples outils. Leur impact est quasi systématique sur les organisations du travail que, bien souvent, elles modèlent et structurent.

L’innovation incessante qui caractérise ce secteur de la communication, associée à l’évolution rapide des besoins des entreprises dans le contexte d’une économie mouvante, s’est répercutée sur les outils informatiques. Ces derniers sont au premier plan des facteurs de changements qui mettent sous tension le monde professionnel.

Leur rôle apparaît déterminant pour l’activité quotidienne des salariés (y compris ceux qui ne sont pas utilisateurs), pour l’organisation de l’entreprise, pour ses décisions stratégiques et les changements qu’elle connaît.

Ce rapport délivre une précieuse analyse alors qu'un facteur important pénalise encore la réflexion : la prédominance d’un discours massivement promotionnel autour des TIC, synonymes de progrès, de modernité et vecteur majeur de croissance économique, reconnues comme telles par les instances nationales, européennes, mondiales, ce qui laisse peu d’espace pour une approche centrée sur leurs effets sur les utilisateurs.

Pour identifier les impacts des TIC sur les conditions de travail, il a été nécessaire au préalable d’étudier la diffusion des technologies (chapitre 1), en lien avec les facteurs et acteurs qui l’ont orientée (chapitre 2), d’examiner les évolutions auxquelles elles ont abouti sur le contenu du travail et d’identifier les salariés concernés ainsi que leur ressenti face à ces changements (chapitre 3).

Trois problématiques principales ont émergé :

  • dans quelle mesure et sous quelles conditions les TIC participent-elles à l’intensification du travail, à la mise sous tension de leurs utilisateurs par l’effet de contraintes qu’elles génèrent ou décuplent ? Il apparaît nécessaire de rechercher des équilibres entre la charge de travail et le besoin de se retirer, de se déconnecter pour faire un travail de qualité, entre la standardisation et le maintien de marges de manoeuvre pour créer les conditions de l’engagement au travail, et entre l’autonomie et le contrôle (chapitre 4) ;
  • quels sont les liens et les effets des TIC sur les collectifs de travail ? Cette question a été abordée sous deux angles différents. Le premier traite des liens entre ces collectifs et les TIC et de la participation, parfois étroite, de ces technologies à leur renouvellement (chapitre 5) ; une démarche exploratoire spécifique a été adoptée pour aborder ce sujet. Le deuxième angle s’attache à répondre à la mise en cause des TIC comme facteur d’isolement et à analyser leurs impacts sur les échanges informels au sein de l’entreprise (chapitre 6) ;
  • quelles conséquences ont pour les salariés la relativisation des cadres traditionnels des espaces et du temps de travail induites par les TIC ? L’analyse met en évidence un brouillage des frontières entre travail et hors-travail, à l’échelle de l’individu, des organisations du travail et des entreprises (chapitre 7).

L’impact des TIC sur la santé au travail a été abordé en prenant en compte cesanalyses mais d’importants questionnements demeurent sur le sujet, notamment sur les impacts indirects (chapitre 8).

Au-delà de ces tentatives de diagnostic, il est utile de proposer quelques réflexions sur des évolutions possibles des effets des TIC sur les conditions de travail dans les prochaines années. Il s’agit de prendre en compte la dimension dynamique de ces technologies qui vont immanquablement poursuivre et multiplier leurs effets sur le travail (chapitre 9).

  • Travaux coordonnés par :
    Tristan Klein
    , économiste, chef de projet "Prospectives des métiers et des qualifications" au département Travail-Emploi du Centre d’analyse stratégique
    Daniel Ratier
    , chargé de mission à la Direction générale du travail

03/04/2012
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Le mail source de stress numero 1 des salariés

 

 

 

 

 

 

 

 

Dominique Perez pour LEntreprise.com, publié le 29/02/2012

Quelles sont les répercussions du développement des technologies de l'information et de la communication (TIC) sur le contenu et l'organisation du travail dans les entreprises ?

Dans un rapport publié le 29 février, le Centre d'analyse stratégique (CAS) met en garde sur les risques psycho-sociaux qu'elles induisent et émet des recommandations pour mieux les évaluer et les prévenir.

Stress, surcharge, urgence, interruption intempestive... la messagerie électronique est probablement le premier facteur de risques lié aux TIC, suivi des pannes et incidents " qui perturbent le rythme de travail ". L'utilisation au quotidien d'Internet et de la messagerie électronique est un facteur d'isolement pour ceux qui manquent d'agilité numérique. Conscientes de cet impact, " certaines entreprises commencent à réfléchir à ces phénomènes et à leurs alternatives à l'occasion de "journées sans mail". Dans un usage abusif, il y a indéniablement un risque de brouillage entre la frontière travail et hors travail...

 

Facteur humain occulté. Mais globalement, " la recherche sur les TIC et leurs effets sur le travail n'est guère développée ", déplore le CAS, qui se prononce, dans l'une des recommandations qu'il émet sur le sujet, pour la mise en place d'un groupe de travail de suivi des usages professionnels, impulsé par l'Etat. C'est d'abord au sein même du management, dans les entreprises, que les conséquences des TIC devraient faire l'objet d'une réflexion plus approfondie : " les critères techniques et financiers prennent trop souvent le pas sur les conséquences organisationnelles, et plus encore sur les impacts du système d'information sur le travail des salariés. " Le facteur humain est donc " insuffisamment pris en compte, quand il n'est pas occulté.

 

Vigilance. Ces déficiences conduisent à l'échec de nombreux projets. " En filigrane, le risque de voir les TIC, qui par ailleurs permettent souvent une certaine autonomie des salariés, d'amplifier le stress au travail apparaît : " sont particulièrement exposés certains domaines, dont les organisations néo-tayloriennes fortement outillées par des TIC et qui cumulent l'intensification du travail, la réduction de l'autonomie et l'affaiblissement du collectif. Plusieurs centaines de milliers de personnes travaillent actuellement dans de tels contextes, qui nécessitent une vigilance renforcée. " On ne saurait être plus clair...

 

4 axes de réflexion :


- Les systèmes d'information sont avant tout des outils d'aide au travail et ils vont continuer à se développer.
- Il faut former davantage les salariés à leur utilisation par un effort de formation continue.
- Il est essentiel d'associer les DRH dans la mise en oeuvre des projets.
- Pour éviter les dérives, il faut développer des systèmes de régulation interne de l'usage des TIC.


10/03/2012
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Le potentiel destructeur de l'évaluation individualisée des performances

Source : site souffrance-et-travail.com

Chroniques de consultations en souffrance au travail. Nicolas Sandret. 20.04.2011.

 

"Cette obsession à vouloir évaluer l'individu, nous la retrouvons de plus en plus dans notre société. Il suffit d'allumer la télé. Cette dernière foisonne d'émissions où il est question de noter un individu suite à une prestation ou bien partir d'un groupe de personnes et éliminer un par un les membres jusqu'à ce qu'il n'en reste qu'un (Kho lanta, secret story, danse avec les stars, la nouvelle star, master chef, le nouveau michael jackson, incroyable talent, le diner presque parfait, on ne demande qu'à en rire, etc.). La compétition fait rage et les consultations de souffrance au travail sont remplies de ceux que l'on a désigné comme les perdants."

 

Dans le cadre de la consultation de pathologie professionnelle de Créteil, nous recevons des salariés présentant des tableaux de grande souffrance psychique : effondrement anxio-dépressif grave avec perte de l’estime de soi, incapacité à avoir des relations sociales ou familiales, idées ou passages à l’acte suicidaire.. Ces tableaux cliniques sont la plupart du temps imputables à des faits qui ont eu lieu dans le cadre du travail. Cette décompensation psychique est souvent associée par les salariés à une perte de ce qui fait sens au travail, à une incompréhension à ce qui leur arrive, et à une grande culpabilité liée à une interrogation lancinante : « qu’ai-je fait pour que celà m’arrive ? ».

 

Un entretien clinique minutieux, la reconstitution de la chronologie des évènements professionnels qui ont précédé cet état psychique permettent de retrouver les éléments, les modifications de l’organisation du travail qui ont amené cette détérioration psychique.

 

Des consultations spécialisées dans la souffrance au travail, et des rapports rédigés par les médecins du travail il ressort largement que ces salariés sont les plus engagés dans le travail, porteurs d’une éthique professionnelle forte et qui étaient moteurs pour leurs collègues. Ils étaient souvent pris comme modèle, avec des évaluations individualisées très favorables et qu’ils acceptaient avec bonheur comme miroir de leur excellence.

 

La chronologie des événements relatés par les patients met souvent en évidence un rachat d’entreprise, un changement de direction, de méthodes de travail, de critères de qualité, ou une modification de l’organisation du travail. Ces changements n’ont pas été toujours explicités et mettent en cause les manières de travailler qui préexistaient ou les critères de qualité qui étaient retenus. Le salarié d’excellence devient celui qui va défendre avec vivacité, soutenir le bien-fondé des modes de travail antérieur, la qualité de ce qui se faisait, les savoir faire qui le portaient. Il devient très vite un obstacle à la nouvelle organisation. Dès lors, tout sera fait pour l’éliminer, y compris des pratiques contraires au droit du travail, mais plus encore aux droits fondamentaux, tel le droit à la dignité : des pratiques souvent définies comme « harcèlement moral ».

 

Dans la majorité des cas, l’un des outils utilisés pour déstabiliser ce salarié d’excellence est « l’évaluation individualisée des performances », qu’elle soit pratiquée avec un hiérarchique, deux hiérarchiques, à 180° (avec la hiérarchie et les pairs), à 360° (on ajoute les subordonnées), etc.. Dans l’anamnèse des évènements ayant précédé la décompensation psychique du salarié, le moment de l’évaluation individualisée se présente comme un des éléments fondamentaux. Ce moment a été attendu par le salarié comme celui où il allait enfin pouvoir dire ses difficultés, son manque de moyens, le manque de collaborateurs pour faire face à sa charge de travail, où il allait pouvoir enfin défendre son point de vue en toute honnêteté, échanger sur le travail, ses échecs mais aussi ses succès. Or, souvent sans signes précurseurs, la discussion attendue se transforme en procès à charge, sans possibilité de se défendre, sans aucune écoute sur les arguments de l’évalué : seulement une remise en cause totale et souvent violente de son savoir faire, associé à une remise en cause de son savoir être. Celui qui se vivait comme porteur de valeurs au sein de l’entreprise est réduit à rien, ses années d’expérience, d’investissement et de partage sont rayées en quelques mots, dont la violence échappe sans doute à celui qui les profère. Cette description peut paraître forcée. Malheureusement, elle est souvent celle que nous entendons.

 

Pourquoi des salariés expérimentés, ayant acquis de solides connaissances professionnelles, peuvent-ils être à ce point déstabilisés, si ce n’est même poussés à mettre fin à leurs jours à la suite d’entretiens où, officiellement, seul le travail est en cause ? Fragilité personnelle, résonance avec la vie privée ? En général, l’histoire personnelle de ces salariés ne révèle pas de difficulté de vie particulière, d’enfance difficile, d’inscription problématique dans la vie familiale et sociale. Au contraire, ils sont ou étaient souvent moteurs dans leur vie familiale et sociale comme dans leur vie professionnelle. À travers l’entretien clinique, les seules perturbations qui apparaissent comme génératrices de la décompensation psychique sont les événements vécus dans le travail.

 

Pour comprendre la force de cette atteinte à la santé psychique engendrée par le travail, et en particulier par l’évaluation individualisée, il faut revenir à ce qu’est le travail et le rôle qu’il joue dans la construction de l’identité.

 

Il faut se référer aux travaux de l’ergonomie de langue française qui ont mis en évidence l’écart irréductible entre travail prescrit et travail réel. Le travail prescrit, tel qu’il est prévu par les bureaux des méthodes, par les organisations, n’est jamais la réalité du travail, car la réalité n’est jamais telle que prévue, ni d’ailleurs totalement prévisible. Dans toutes les tâches, le réel est différent du prescrit et le travailleur déploie son intelligence, son savoir faire pour que le travail se réalise malgré tout. S’il ne faisait qu’appliquer strictement les consignes, c’est-à-dire la grève du zèle, le travail ne se ferait pas. Cet écart entre le travail prescrit et le réel du travail rend le travail humain ce que le taylorisme ou le fordisme avaient essayé d’évacuer. Mais cette confrontation au réel ne va pas sans souffrance pour le salarié.

 

Parfois, la manière dont je traite habituellement un dossier ou réalise une pièce sans difficulté ne fonctionne pas : l’irruption inattendue du réel, de la variabilité, nécessite un engagement de ma part, de mes savoir faire, de ma sensibilité, de mon intelligence pour découvrir le « truc », la « ficelle », le moyen qui permettra de surmonter l’obstacle. Moment douloureux d’investissement total, y compris parfois chez soi, la nuit, pour trouver la solution, mais qui se transforme en plaisir lorsque la solution émerge. En exigeant, en raison de la résistance du réel, le dépassement de soi, le travail est facteur de souffrance et de plaisir, mais c’est aussi par cette confrontation au réel que se développent l’intelligence et la sensibilité, comme dans le cas de ce menuisier qui à force de travailler le bois, acquiert une sensibilité qui lui permet de dire, juste en touchant un bois, quelle sera sa meilleure utilisation.

 

La psycho-dynamique du travail parle de la centralité du travail dans la construction de l’identité de chacun. Les nouvelles formes de management ne s’y trompent pas puisqu’elles sollicitent de plus en plus l’engagement subjectif de chaque salarié dans son travail. « La modernisation du travail et des entreprises se caractérise par une réhabilitation de la subjectivité des salariés et par sa mobilisation dans les termes exigés selon la rationalité dominante de l’entreprise, en d’autres termes pour la subordonner » (D. LINHARDT, Pourquoi travaillons-nous ? ERES 2008).

Pourtant, le travail ne se fait jamais isolément, mais avec et pour les autres : la fonction sociale du travail est aussi fondamentale. Elle ne peut s’accomplir que si existe une certaine coopération ; une coopération qui ne se prescrit pas mais se crée à travers les échanges sur le travail, et sur le travail réel : les difficultés, les échecs, les réussites. Pour que se créent ces collectifs de travail, il faut que les salariés puissent échanger sur leurs difficultés, accepter leurs échecs et en discuter avec leurs collègues. « Toi comment tu fais ? J’ai telle difficulté et je n’y arrive pas » : parole sur le travail réel qui permet de dégager, de partager un vécu commun sur le travail et de développer des règles de métier. Ce savoir partagé entre pairs permet à chacun de s’appuyer sur un fond commun qui permet seul de progresser dans l’invention ou l’innovation. Cette coopération nécessite une grande confiance pour pouvoir échanger sur ses difficultés et échecs, pour partager les « ficelles » du métier, les savoir faire, mais aussi pour partager les écarts aux règles prescrites ou aux procédures, les « tricheries » nécessaires au regard du travail prescrit afin que le travail se fasse et soit un travail de qualité. Ce partage des « libertés » prises avec la règle permet d’échapper à l’angoisse des conséquences éventuelles de ces écarts.

 

Faire un travail de qualité renvoie à la problématique de la reconnaissance qui est aussi une des bases de consolidation de notre identité : être reconnu par la qualité du travail que je fais. Cette reconnaissance est double : reconnaissance par mes pairs pour le respect des règles de métier dans le travail, mais aussi sur le petit « plus » que j’ai apporté, reconnaissance de l’utilité de mon travail par ma hiérarchie et par la société.

 

Le travail peut être objet de grande souffrance mais aussi promesse de développement de sa sensibilité, de son intelligence. Travailler, c’est développer des coopérations avec d’autres dans son rapport au monde. C’est parce qu’il est un élément fondamental de la construction/destruction de l’être, que C. Dejours parle de la « centralité du travail ». Mais cette dimension travail comme promesse, source de développement personnel et social, est malmenée par les nouvelles organisations du travail, les nouvelles formes de management et en particulier l’évaluation individualisée des performances. Celle-ci est, de plusieurs points de vue, un accélérateur de la détérioration des relations du travail, mais aussi sans doute du travail lui-même en favorisant l’individualisation du rapport au travail.

 

L’évaluation individualisée des performances est en général liée à la détermination du salaire, d’une prime, éventuellement d’une promotion ou d’un licenciement. Cela a des répercutions directes sur l’existence des collectifs de travail. Comment parler de mes difficultés à mes collègues, comment demander un coup de main, alors que cela peut me coûter la prime ou la promotion, éventuellement me conduire au licenciement ? Comment partager avec les collègues les écarts à la règle prescrite sans risquer que cela se sache et me nuise ? Comment confier mes savoir faire à mes collègues alors que c’est ce qui me permet d’avoir des résultats un peu meilleurs et de profiter de la prime ? Comment coopérer dans un climat où la confiance est mise à mal parce que chacun est mis en concurrence avec chacun ?

L’évaluation individualisée des performances met chaque salarié en concurrence avec ses collègues et renvoie chacun à sa solitude, à son rapport au travail avec ses difficultés, avec ses échecs, avec ses tricheries qui génèrent une angoisse qui devient parfois insupportable quand la sécurité des tiers peut être mise en cause. Que devient la reconnaissance par mes pairs de la beauté du travail que j’ai fait ? Que devient l’évolution de mes savoirs faire construits en échangeant avec mes collègues ?

 

Avec l’évaluation individualisée des performances, le salarié est seul, confronté à un jugement sur son travail. Avec comme facteur aggravant le fait que, souvent, cette évaluation n’est pas pratiquée par un supérieur hiérarchique qui connaît le travail réel parce qu’il y a lui-même été confronté et qui serait en mesure de porter un jugement ayant du sens en termes de métier. Souvent, les hiérarchiques ne sont pas des gens du métier et ne connaissent pas le travail réel. Les critères d’évaluation sont devenus des critères quantitatifs, ne prenant en compte ni la réalité du travail, ni les moyens mis à disposition. Des critères servant à définir des objectifs qu’il est difficile de discuter en tant qu’évalué, car ils viennent d’ailleurs, de la direction générale. L’évaluation quantitative sans prise en compte du réel du travail, c’est le royaume du « débrouillez-vous ». Mais aussi de l’arbitraire et du mensonge. Beaucoup de salariés nous disent l’impossibilité de réaliser les objectifs prescrits et que cette impossibilité est connue de tous, telle une épée de Damoclès commode à manier pour se débarrasser d’un collaborateur.

 

Dans le même temps, les nouvelles formes de management exigent du salarié un engagement total dans le travail. « Le modèle implicitement proposé est celui du héros défiant le réel, c’est-à-dire s’affrontant aux limites, les siennes et celles de son environnement pour les pousser toujours plus loin. Un modèle qui fait miroiter la toute puissance du désir et le fantasme de la maîtrise totale. Le narcissisme de chacun est courtisé » (D. LINHART, Pourquoi travaillons-nous ?).

 

Dès lors, est en jeu dans l’évaluation, non plus un ensemble de critères objectifs concernant le travail lui-même, mais « l’être » au travail, et ce glissement de l’évaluation du faire à celle de l’être expose le salarié à l’arbitraire de l’évaluateur. Cela est d’autant plus destructeur qu’avec le culte de la performance nous sommes chaque jour tenus de prouver que nous sommes quelque chose. Ce jugement de « l’être », qui se prétend jugement du travail sous couvert de critères dit objectifs voire scientifiques, est potentiellement destructeur. Pour chaque salarié, pour les collectifs de travail, mais aussi pour le travail lui-même.

 

L’évaluation est pourtant nécessaire et même requise par chaque salarié, à condition qu’elle porte sur le travail réel et soit pratiquée par des gens en capacité d’en juger. De ce point de vue, l’arrêt groupe Mornay du 28 novembre 2007 qui impose la consultation du CHSCT ne s’est pas trompé. Espérons que cette institution sera en mesure de recentrer cette évaluation sur le seul travail réel.


25/10/2011
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