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Faire tampon, mais à quel prix ?

Le présent témoignage provient de mon expérience personnelle. Comme il est difficile aux gens de prendre le temps de rédiger et d'apporter leur témoignage, j'ai décidé d'enrichir cette rubrique en y rapportant le fruit de mon expérience personnelle, tout en gardant à l'esprit mon devoir d'objectivité et de confidentialité.

 

Je me souviens d'un cadre dirigeant d'une société X. Il s'agit d'une filiale appartenant à un grand groupe. Il en a été nommé directeur lors du rachat par la maison mère et du départ de l'ancien PDG. Il dirige cette petite structure d'une vingtaine de salariés mais n'en est pas le responsable légal. toutes les décisions importantes sont prises au niveau de la maison mère.

 

Lorsque j'ai poussé les portes de cette société, j'y ai rencontré des salariés plutôt "biens dans leurs baskets". Leur directeur était absent et j'ai donc été guidé par sa secrétaire lors de ma visite. Dans cette société, on pouvait constater que l'activité était débordante et que toute l'énergie était consacrée au travail. Par contre, cela devait faire très longtemps que personne ne s'était penché sur l'organisation ou le confort. Des matériels jonchaient le sol un peu partout quand ils n'étaient pas entassés de façon anarchique sur des étagères disséminées ça ou là. Des armoires informatiques étaient plantées au milieu d'un local en "open space" où des ingénieurs se concentraient sur leurs écrans malgré le bruit continu des ventilateurs émanant de ces armoires.

 

Lorsque le directeur est arrivé, j'ai pu voir le contraste saisissant entre les salariés que j'avais rencontré et leur supérieur hiérarchique qui se trouvait à présent devant moi. Cet homme était submergé par le stress, et il ressentait d'ailleurs ma visite comme un nouveau facteur de stress pour lui, ne sachant pas quelles seraient mes conclusions et quel serait son niveau de responsabilité.

 

Il s'est tout de même confié, voyant qu'il trouvait face à lui une oreille attentive.

 

Il a évoqué les sources de son stress : les fournisseurs qui livrent en retard et qui veulent être payés au plus vite, les clients pressés d'être livrés et qui veulent que tout fonctionne tout de suite, même s'il s'agit de technologies de pointe qui exigent très souvent une période d'observation avec des nécessaires réajustements. La maison mère qui exige une rentabilité croissante, des locaux vieillissants et devenant exigus... Tout cela aggravé par de cruelles armes de guerre dévolues à la rapidité de l'information que sont les téléphones portables et les ordinateurs (plus particulièrement les emails qui inondent les boites de réception).

 

J'avais en face de moi un directeur qui subissait une pression incroyable et qui s'arrangeait pour ne pas la faire descendre sur ses salariés. Du coup, l'entreprise s'en sortait plutôt pas mal car les gens étaient protégés. J'avais tellement croisé de dirigeants ou de chefs de service qui ne supportaient pas la pression et la faisaient descendre aussi vite qu'elle leur était tombée dessus, engendrant un mal-être général au sein de la société et, par voie de conséquence, une activité en baisse croissante, que la situation que je trouvais là m'interpellait plus que de mesure.

 

Ce cas, est très révélateur de ce qui se passe dans beaucoup de sociétés. Le management et la façon de diriger une équipe revêt une importance capitale dans la bonne marche de l'entreprise. Diriger, c'est une responsabilité. Cette responsabilité vient s'ajouter à celle de représenter la société auprès des fournisseurs et des clients, voir auprès d'une maison mère. Cette pression, si on la répercute sur ses subordonnées, peut être très destructrice pour tout le service. Un bon manager doit savoir protéger ses subordonnés de la pression afin de leur offrir des conditions de travail optimales. C'est inné chez certaines personnes, cela doit s'apprendre pour les autres. Par contre, une personne qui fait tampon doit aussi apprendre à gérer ce stress et à l'évacuer par une activité physique régulière, une hygiène de vie correcte. Le directeur que j'avais croisé dans cette entreprise X avait la chance d'avoir une vie privée très épanouie, ce qui lui permettait de tenir, mais jusqu'à quand ? Il est bien difficile de sortir du tourbillon, prendre le recul. C'est vrai dans la vie privée, et ça l'est tout autant dans la vie professionnelle.

 

 

 

 

 


06/03/2011
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Deux poids, deux mesures

Bonjour,

 

Je suis assistante commerciale. Depuis peu, la direction fait particulièrement attention, au stress et à l’emploi des seniors, mais cela n’a pas toujours été le cas.

En effet, pendant trois ans, j’ai été confrontée à un collègue qui réfutait d’exécuter toutes consignes mises en place pour la bonne marche du service. Ses réactions ont parfois été verbalement très violentes.

La direction m’avait  demandé de  veiller au respect de ces consignes et m’avait donné son soutien moral et hiérarchique.

Cette bataille qui a duré trois ans, aura fini par me détruire moralement, psychiquement et physiquement : Stress, crise d’angoisse, insomnie, contractures musculaires, vertiges, perte de poids, malaise, un  arrêt de travail.

Pour mettre fin à cette situation qui devint pour la société, plutôt agaçante que préoccupante, à mon retour de maladie j’ai été tout simplement  mutée dans un autre service…….. Les performances commerciales de ce collègue auront été au -dessus de toutes législations du droit du travail.

Je me suis sentie trahie, humiliée, et peu considérée. Mais comme tout le monde, j’ai besoin de travailler ….

 

Témoignage d'une personne qui préfère rester anonyme étant toujours en poste dans la même société.

 

Nous l'appellerons Alice.

 

 

Je me permettrai d'ajouter un commentaire à ce témoignage :  ce contexte est assez courant dans les entreprises de taille moyenne ou les plus grandes. Il y a un problème entre 2 salariés, peu importe qui a tort et qui a raison, on règle le problème en séparant ces personnes. Le moyen utilisé : la mutation. Et on va muter celui des 2 qui est le plus bas dans l'échelle hiérarchique, ou bien, à niveau égal, celui que l'on juge être le moins indispensable à son poste.

 

Dans le cas d'Alice, on préfère changer un personnel administratif de service plutôt qu'un commercial qui rapporte un bon chiffre d'affaire à l'entreprise.

 

Le résultat : Le salarié muté se considère (à juste titre) deux fois sanctionné, abandonné par sa hiérarchie. Alice est une personne courageuse, qui a eu des appuis de la part de ses proches. Heureusement pour elle. Celui qu'on laisse en place quant à lui se sent comme intouchable... et il est prêt à recommencer si l'occasion se présente, voir même à aller plus loin.


20/02/2011
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Le burn out m'a sauvée

Sandra W. , Metz

Comment s'est manifesté votre burnout ?

J'ai travaillé pendant 10 années en qualité d'assistante de direction. Après avoir navigué 7 ans en intérim, repris entre temps des études à distance tout en menant de front activité pro et études + stages et soutenance professionnelle, j'ai fini par décrocher un CDI, sur lequel je n'ai pas compté une fois de plus mes heures et mon surinvestissement professionnel démesuré (travail le we, à la maison, horaires élastiques, déplacements permanents, organisation d'événements de grande envergure avec délais toujours raccourcis) a fini par me trahir et me détruire...

Tout d'abord le burn out s'est manifesté par une très grosse fatigue avec impossibilité de récupérer à tel point que je ne parvenais plus à me lever le matin. Tous les matins j'arrivais en retard, je subissais des migraines à répétition particulièrement violentes, mon dos fut bloqué en permanence alors que jamais je n'avais souffert du dos, douleurs aux cervicales, ulcère à l'estomac, crises aiguës de psoriasis, démangeaisons et pellicules, irritation du cuir chevelu, crises de larmes à ne plus s'arrêter, grosse fatigue nerveuse, grande irritabilité, plus capable de supporter le stress, en manque perpétuel de reconnaissance, je ne m'impliquais plus dans mon travail, démotivation complète, je fonctionnais comme un robot, indifférence totale à ce qui se passait autour de moi, froideur mentale, dépersonnalisation, manque de concentration, troubles de la mémoire, crises d'angoisse, grosse instabilité émotionnelle, sueurs froides, insomnies à répétition, et j'ai fini par sombrer dans la dépression au point de vouloir en finir définitivement.

Qu'avez fait pour remonter la pente ?

J'ai été en arrêt de travail sporadiquement par intermittence au départ et ensuite les arrêts ont fini par se répéter et se prolonger. J'ai été sous anti dépresseurs et anxiolitiques et j'ai suivi une thérapie pendant 2 ans. J'ai travaillé durant celle-ci sur des traits de caractère qui m'ont conduit tout droit au burn out : perfectionnisme, incapacité à savoir dire non, apprendre à se poser des limites, arrêter de vouloir plaire à tout prix et à tout le monde, arrêter de vouloir aider la terre entière, arrêter de se rendre indispensable à tout prix, apprendre à déléguer si besoin, calmer ma tendance à l'hyperactivité et ma nature anxieuse...

Progressivement j'ai fait le tri dans mes priorités et j'y ai remis de l'ordre, je me suis découverte (je pensais me connaître et en définitive j'étais à des années lumières de ce que je croyais être), j'ai abandonné beaucoup d'activités extra professionnelles pour ne conserver que celles qui m'apportent du plaisir, j'ai réintroduit des loisirs dans ma vie et des activités de détente, je mène une vie saine (manger équilibré, 3 repas par jour, bien s'hydrater, bien dormir, faire de la relaxation et du sport, penser à soi en priorité, prendre soin de soi, s'écouter)

Aujourd'hui je suis sortie d'affaire, j'ai subi un licenciement mais qui au fond a constitué une véritable libération et surtout aujourd'hui je me reconvertis et reprends des études en histoire et histoire de l'art, ma passion de toujours, pour devenir conservateur du patrimoine...

Cet accident de vie a été paradoxalement salutaire en dépit de ses caractéristiques particulièrement douloureuses. Il m'a littéralement transformée. Il a permis des changements radicaux, mais qui cette fois vont dans le bon sens, et surtout me correspondent complètement. Ces modifications me permettent désormais d'être en accord total avec ma personne, je n'ai plus l'impression de jouer un rôle ou de me travestir dans un métier qui finalement n'est pas le mien et qui ne m'a jamais correspondu en définitive...

Bien sûr il a fallu faire le deuil de sa vie antérieure et se dire que ses anciennes grilles de lecture du monde sont dépassées et ne sont plus en accord avec le monde d'aujourd'hui. Ce fut très difficile mais extrêmement positif et finalement source d'apprentissage sur soi, sur la vie, sur les autres. Pour pouvoir changer aussi radicalement, il faut nécessairement poser des gestes qui déchirent !


01/12/2010
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