STRESSAUTRAVAIL

Je me lance

Quelle étrange créature que l'être humain. Capable de risquer sa vie pour en sauver une autre. Capable aussi de tuer pour le plaisir. Héritier d'un pouvoir qui semble le dépasser parfois. Je me suis toujours dit que ce meilleur et ce pire faisaient partie de moi, que ce qu'un homme avait réalisé, de meilleur ou de pire, j'étais capable de le reproduire. Cet état d'esprit m'a aidé à avancer lorsqu'il fallait puiser dans les réserves, mais il m'a aussi effrayé dans des moments de détresse.

 

Voilà donc, nous nous situons tous dans cette fourchette et les événements de notre vie nous font basculer plus d'un côté que de l'autre et vice-versa, nous navigons ainsi entre le meilleur et le pire, et tant que nous tenons la barre, nous restons maîtres de notre destin. Malheureusement, il arrive bien souvent un moment (un jour, une semaine, un mois, des années) où l'on ne dirige plus rien, et on se laisse aller, ayant la sensation de ne plus rien maîtriser, d'être comme écrasé par plus fort que soi.

 

Dans ces moments là, il est tellement plus facile de ne pas réagir. Il est en effet très dur de se relever une fois qu'on a été plaqué au sol par un adversaire qui vous écrase de tout son poids. C'est vrai qu'il aurait été plus judicieux d'esquiver son attaque, encore aurait-il fallu la voir venir. Encore aurait-il fallu savoir attraper les mains tendues. Encore aurait-il fallu savoir où trouver des mains tendues.

 

Ce blog est une main tendue aux personnes qui, dans leur milieu professionnel, se sont retrouvés progressivement ou même subitement dans une situation telle.

 

C'est sûrement mon histoire personnelle, prenant racine dans ma plus tendre enfance, qui m'a poussée à prendre cette trajectoire particulière. J'ai commencé par fuir, dès l'âge de 15 ans et sans doute apeuré par ce que j'ai vu de ce monde que je découvrais enfin, je me suis laissé rattraper. Un travail on ne peut plus stable, un amour on ne peut plus raisonnable et le pilotage automatique était branché. Rien ne semblait vouloir troubler cette douce croisière en eaux calmes. Et pourtant... mais c'est une autre histoire.

 

Une carrière militaire, un passage au ministère de justice en qualité de greffier attaché à un juge d'instruction admirable et enfin quelques années au service de l'inspection du travail à traiter une quantité considérable de cas liés de près ou de loin au "stress", et me voici à écrire cet article de présentation. Ce blog, je ne sais s'il n'est qu'une étape ou bien une concrétisation, peu importe en fait, en tout cas je suis convaincu qu'il sera une vraie main tendue à un nombre, malheureusement croissant, de personnes.

 

Je vais essayer de faire en sorte de regrouper sur ce blog des articles, des témoignages mais aussi des idées pour sortir de cette tourmente et aider à reprendre le dessus. Je pense que l'"humain"a besoin de se sentir aimé pour naviguer du bon côté, peut-être a-t-on failli de trop aimer l'argent et n'en serions nous pas moins riche de lui préférer les gens. 

 

Rendre à l'humain sa place, voilà le challenge qui nous attend.

 


19/11/2010
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Pensée du jour

Aujourd'hui, j'ai pensé à cette compétition qui se joue à chaque étape de notre vie. Je me suis dit que dès notre naissance, nous avions tiré des cartes. Le fait d'être né à tel endroit, de tels parents, et à tel moment, influera en effet sur notre vie entière. Ces cartes que nous avons tiré d'entrée, certains passent leur vie à vouloir s'en débarasser, d'autres font tout pour les conserver dans leur jeu. Il y a des moments, des endroits, où d'autres cartes sont distribuées. Et donc, dans l'entreprise, une nouvelle donne est effectuée. Et il est très fréquent que pour gagner de meilleures cartes, il faille en déposséder autrui. Quelle que soit la taille de l'entreprise, cette compétition se joue, et l'arbitre se doit de veiller au grain, car sinon, un autre arbitre, venu de l'extérieur, pourrait venir se mêler d'affaires qu'on aimerait pouvoir garder confidentielles. L'entreprise est en effet un milieu plutôt fermé, où il règne un ordre très hiérarchisé et où l'absence de l'uniforme des forces de l'ordre, pousse certains "monarques en herbe" à se sentir investis d'un pouvoir particulier sur les autres. Cet être épris de pouvoir, n'est pas forcément le chef suprême (gérant, pdg), il peut être simple chef de service, voire missionné par son supérieur hiérarchique pour une courte durée. Ce chéfaillon va devenir un harceleur potentiel et va se lancer dans la chasse, consciemment ou pas, de la potentielle victime : le subalterne fragile ou temporairement fragilisé par une situation professionnelle ou extra-professionnelle difficile. C'est ce que j'appellerai le stress communiquant. Il se déplace généralement du chef vers son subalterne et prend de la force à mesure qu'il descend dans la hiérarchie. Un ingrédient spécial peut lui donner une force incroyable : l'incompétence. Rien de pire en effet qu'un chef de service incompétent se déchargeant de son stress sur ses subordonnés. Gare à celui ou celle qui se trouverait dans sa ligne de mire ! Si je parle de ce cas précis comme générateur de stress, c'est bien parce que je l'ai bien souvent rencontré dans mes récentes croisades.


21/11/2010
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Le point de départ

Pour entrer dans le vif du sujet, j'aimerais attirer votre attention sur l'importance de déceler l'origine d'un état de stress ou de souffrance. En fait, il s'agit de distinguer 2 types de sources : l'humain ou l'organisationnel. Pour arriver à déterminer l'origine de ce mal être, il faut absolument faire l'effort de remonter dans le temps et de réaliser une sorte de chronologie d'événements qui, découlant de cette source, ont contribué à engendrer un flot plus ou moins continu et plus ou moins important de stress.

 

Le facteur humain est souvent plus difficile à mettre en évidence. De la simple incompatibilité d'humeur à la jalousie, en passant par le malentendu entre deux personnes, l'escalade part quelques fois de petites choses mal perçues. Je peux citer par exemple une personne qui travaillait comme assistante commerciale dans une petite entreprise familiale. Un beau jour, le mari de la gérante passant par hasard à son agence lui fait un compliment anodin, certainement plus par courtoisie qu'autre chose, mais l'épouse de ce monsieur, gérante de la société, se trouvant dans une période de doute dans sa vie conjugale, le prend très mal et animée d'un très fort et incontrôlable sentiment de jalousie, s'en prend à sa salariée, comme ça, du jour au lendemain, sans explication. C'est l'escalade, pendant plusieurs mois, et la salariée, baignant dans l'incompréhension, finit par être arrêtée par son médecin pour une longue période. Et ce n'est que bien longtemps après qu'elle réalise ce qui s'était passé. En écrivant à un tiers qui lui avait demandé une chronologie.

 

Le facteur organisationnel, c'est bien souvent un changement dans la façon de travailler. Par exemple, l'arrivée d'un nouveau logiciel informatique, les exigences d'un nouveau client, les circonstances économiques qui contraignent l'entreprise à licencier, cet événement engendrant par la force des choses une redistribution du travail. Le facteur humain est au centre de ce mécanisme. Il en a lui-même donné l'impulsion. Mais il n'est pas forcément la cause de la souffrance des salariés directement concernés par ces changements. Là aussi, la chronologie des faits et la mise en évidence du point de départ permet de connaître la cause de la souffrance et de travailler sur la façon de pouvoir en sortir.

 

J'essaierai de classer les témoignages que je recevrai en fonction de ce point de départ, afin de souligner des similitudes et de dégager des possibilités de réaction afin de limiter les dégâts sur la santé que ces facteurs finissent par occasionner.


22/11/2010
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Marre des gens pressés !

En fait, ce soir, je voudrais revenir un peu sur mon histoire et ce qui m'a poussé à créer ce blog.

 

Je crois que mon passage au Ministère de la Justice m'a permis de me former à la perception d'autrui. J'ai appris, en grande partie grâce au juge d'instruction pour qui je travaillais, à mieux comprendre comment fonctionne l'être humain, ce qui le pousse à commettre certains actes, à avoir peur, à parler ou à se taire. J'ai pris une vraie leçon et j'en ai tiré profit dans ma façon d'appréhender les gens dans le cadre de mon nouveau métier, au sein du service de l'inspection du travail.

 

Là, je me suis rapidement aperçu que beaucoup de personnes étaient en souffrance au travail, et leur nombre, jusqu'à aujourd'hui, ne fait que croître, inexorablement, et la tendance n'est pas prête de s'inverser. Ce qui est le plus préoccupant, c'est que l'évolution technologique, qui devrait servir à rendre le travail plus facile, et seulement ça, ne fait qu'ajouter encore plus de travail dans de nombreux cas. L'exemple flagrant est le nouveau téléphone portable qui permet d'être en permanence connecté à son travail. A cause de cet instrument, certaines personnes travaillent même dans leur lit avant de dormir, ou même sur leurs toilettes. Comment contrôler la durée du travail d'un commercial qui peut se connecter en permanence grâce à son portable ? Le travail empiète sur la vie privée d'une façon telle qu'il devient pour certains impossible d'avoir une vie privée équilibrée. Une vie sacrifiée pour le travail. Et que restera-t-il à ces gens là quand ils arriveront à l'âge de la retraite ? Enfin, quand je dis retraite, en fait je ne devrais pas utiliser ce terme, mais je devrais plutôt dire "quand ils arriveront au moment où ils seront épuisés et n'auront plus la force de continuer", car ces personnes n'ayant rien d'autre que le travail dans leur vie, ne cesseront de travailler que quand ils y seront contraints par leur médecin.

 

On vit aujourd'hui en permanence dans l'urgence. Pourquoi ? Parce que la situation est réellement urgente et demande une réaction des plus rapides ? Ou plutôt parce que nous avons tous  les moyens de répondre dans l'instant ?

 

Mon juge d'instruction me disait souvent "il n'y a aucune urgence, il n'y a que des gens pressés".

 

Cette phrase est restée gravée à jamais dans mon esprit. J'y pense plusieurs fois par jour, dès que j'entends le réveil sonner le matin, quand je prends le volant et que je vois certains faire le forcing pour dépasser les autres, faire des queues de poisson, pour arriver plus vite, pour quoi faire ? Risquer un accident pour arriver 5 minutes plus tôt ? Quelle bêtise ! J'y pense aussi dans les files d'attente, et bien sûr au travail où les gens pressés foisonnent. La vie est devenue une autoroute sur laquelle la vitesse n'est pas limitée. Nous ne prenons plus le temps d'admirer le paysage. Bien sûr qu'il y a de vraies urgences, quand il est question de santé. Mais le motif des gens n'est que très rarement lié à la santé, n'est-ce pas ?

 

Quand je vois les ados se sentir obligés de répondre dans la minute dès qu'ils reçoivent un sms, alors qu'il m'arrive, pour ma part, de répondre le lendemain voir 2 jours après... je me dis qu'ils sont déjà bien conditionnés pour faire de grands stressés.

 

 

 


22/11/2010
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Le Ministère du Travail sur la brèche

 

Prévention du stress au travail : l’Etat accompagne les employeurs

Un plan d’urgence pour la prévention du stress au travail

Le stress au travail et les risques psychosociaux ont été longtemps sous-estimés ; ils sont pourtant bien réels, comme la situation humaine et sociale touchant certaines entreprises l’a récemment montré de façon particulièrement dramatique.

 

Devant l’urgence de la situation, Xavier Darcos, Ministre du Travail, des Relations sociales, de la Famille, de la Solidarité et de la Ville, a lancé le 9 octobre 2009, un plan d’action d’urgence pour mobiliser les employeurs sur la prévention des risques psychosociaux dans les entreprises.

 

Parmi ces mesures deux axes ont particulièrement été mis en avant :

• Ouverture de négociations sur le stress dans toutes les entreprises de plus de 1000 salariés, en application de l’accord national interprofessionnel du 2 juillet 2008 sur le stress. A partir d’un diagnostic partagé, ces négociations devaient avoir été engagées et avoir avancé avant le 1er février 2010. Un suivi et un bilan de ces actions ont été faits et rendus publics région par région.

 

Pour les PME et TPE : des actions d’information sur les risques psychosociaux, des outils de diagnostic concret et des indicateurs d’action (anticipation, prévention) devaient se mettre en place avec l’appui du réseau de l’ANACT, de la CRAM et de l’INRS et des services de santé au travail.

 

 

 

 

 


29/11/2010
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