STRESSAUTRAVAIL

D'OU VIENT LE MAL ?

UN SIMPLE COMMENTAIRE LAISSE AU BAS D’UN ARTICLE. JE NE CONNAIS PAS SON AUTEUR.

 

JE VOUS LE LIVRE CAR IL EST TRES INTERESSANT DE PAR SA CLAIRVOYANCE SUR LES MECANISMES QUI NOUS BROIENT.

 

A MEDITER.

 

16/04/2012, 13:50PAR MICHEL-LYON

Dans le passé, les dépressions et les suicides liées au travail, résultaient d’un face à face destructeur entre un pervers narcissique (terminologie actuelle) et un salarié susceptible de lui donner réplique. Spirale mortelle faite de défis, d’humiliations, de manipulations et d’un combat vital pour la dignité, qui écarte la fuite malgré les conseils de l’entourage. Combat pour la dignité jusqu’à l’obsession, jusqu’à l’épuisement car il devient impossible de trouver le sommeil, puis la sortie du rationnel jusqu’à la mort, car aucun choix n’est possible. Il est très rare que l’on comprenne que l’on est le jouet du pervers, que l’on se prête à son jeu, tant est forte la conviction de lutter contre l’injustice, pourla vie. Vraisemblablement, le pervers narcissique n’est pas conscient de la logique qu’il déroule dans sa traque impitoyable, agissant selon les failles de son psychisme.

 

Ce processus s’inscrivait dans une hiérarchie classique, qui comportait pour chaque salarié un supérieur hiérarchique unique, identifié. Les collègues du service ou de l’atelier pouvaient s’unir et tenter de le contrer. 

 

Les nouvelles méthodes et le nouveau management généralisés dans le privé depuis plus de trente ans,  sont instillées dans la fonction publique depuis une dizaine d’années, malgré les effets contre-productifs constatés dans le privé. Cela se constate avec l’apparition et la persistance des suicides lié au travail. Son cadre législatif : la LOLF et la RGPP.

 

Nouvelles méthodes d’organisation du travail et nouveau management font les choux-gras de cabinets spécialisés. Modernité géniale dispensée par les écoles supérieures et par les centres de formation des administrations. La hiérarchie univoque a été remplacée par des règles, des tableaux de bord multipliés par le nombre de directeurs. Le travail à faire débaroule sur l’écran de messagerie avec des priorités multiples. Aucun interlocuteur responsable pour discuter simplement par quoi commencer. Mais chaque directeur, dans son domaine peut vous tomber dessus à tout moment, parce que la parcelle qu’il attendait de vous n’est pas encore faite. Et périodiquement, le notateur. Tout cela, au détriment des missions, dans une irresponsabilité, une impunité qui grandit avec le grade. Seuls les agents d’exécution sont fautifs. Bureaucratie kafkaïenne, dont souffrent leurs agents et plus encore le public qui s’adresse à elles.

 

Celui qui cède aux jouissances de sa perversion peut se targuer d’être « un chef exigeant »  C’est bien vu et ça aide à la promotion. D’autant plus qu’en général les solidarités de grade jouent en protection réciproque : je te couvre et tu me renverras l’ascenseur. Le pouvoir favorise la perversion dans une organisation où l’irresponsabilité est généralisée. 

 

Le ministère nie le culte du chiffre. Bien sûr les circulaires techniques abondent : les énarques justifient leur paie. Le ministre a besoin de chiffres pour ses interventions au Parlement ou devant les médias, chaque mois. Et les lobbys industriels multiplient les pressions et intimidations pour faire ce qu’ils veulent, comme ils veulent et obtiennent que les sanctions pénales disparaissent des textes, ou soient impraticables, à l’instar des abus de biens sociaux qui ne peuvent plus donner lieu à poursuite au bout de trois ans ! Une quasi immunité.

 

Remarquez que la multiplication des dépressions et suicides liés au travail coïncide avec la surmultiplication des vices de fabrication, des atteintes à la santé publique  et à l'environnement. 

 

Sous la pression, lorsque le scandale des dépressions et suicides ne peut plus être nié, les employeurs recrutent un « cabinet spécialisé » qui limite le stress au travail à des causes individuelles, des faiblesses personnelles. Cela oriente vers des conseils de "maîtrise de soi", ou de "développement individuel": psychologie de supermarché et fortune des "coach" manipulateurs. Diversion qui évite soigneusement la véritable source destructrice : le fonctionnement de l'institution elle-même. Le cabinet qui ose s'aventurer sur ce terrain est promptement éliminé.

 

La fonction publique, au moins depuis la Libération a la double fonction, régalienne et fonction de régulation sociale. Depuis dix ans, la politique néolibérale ruine de la fonction de régulation. Bien sûr en réduisant l’effectif des agents d’exécution (en fait remplacés par un nombre croissant de directeurs, pour satisfaire les amis du pouvoir à recaser) Mais surtout en la réduisant à une bureaucratie à irresponsabilité généralisée, aveugle pour les conséquences de ses pratiques sur ses agents et sur le public. 

 

Les résistances au sein des administrations sont importantes. Mais le temps profite au pouvoir, qui laisse venir démissions et suicides, pour éliminer par épuisement et démoralisation ceux qui sont le plus attachés aux valeurs du CNR, effondrés en voyant bafouer les valeurs qui ont motivé leur carrière. 

 

J’ai ainsi tenté là de décrire des processus complexes en cours dans la fonction publique, ainsi que dans les associations qui agissent sur fonds publics.

 

Dans l’emploi privé et dans l’emploi public, nous assistons à l’avènement de la forme néolibérale de l’aliénation du travail et des travailleurs, en cohérence avec la mondialisation du pourrissement néolibéral de la société humaine.



17/04/2012
1 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 12 autres membres