STRESSAUTRAVAIL

Aujourd'hui une nouvelle page s'est tournée, implacable.

J'ai appris le décés d'un collègue. Cet homme n'était pour moi qu'un nom en entête d'un email que je recevais régulièrement. Il était syndicaliste et envoyait des tracts et des infos syndicales à l'ensemble de la profession.

Il s'est suicidé. S'est jeté dans les escaliers, au sein même du bâtiment abritant son ministère. Notre ministère. Le ministère du travail.

J'ai lu un article de journal évoquant ce drame. Un fait divers, parmi tant d'autres. J'ai lu aussi des commentaires, sur le net, de personnes, anonymes, profitant de l'aubaine pour rappeler que ce n'était qu'un fonctionnaire. vous savez, ces gens qui sont payés à rien faire et qui ne supportent pas le moindre petit stress. Oui, je résume un peu, mais c'est la pensée qui habitait plusieurs personnes, travaillant certainement dans le privé, ce milieu où les gens travaillent et sont virés du jour au lendemain comme de vulgaires produits jetables.

Je ne sais trop quoi penser de cet acte. Condamner l'égoisme d'un père de famille qui laisse derrière lui une femme et deux enfants dans la douleur ? Admirer l'altruisme d'un collègue qui lance un cri d'alarme pour toute une profession ?

En tout cas, je suis choqué par tant de violence. La violence du geste lui-même et celle de ces quelques commentaires gratuits et nauséabonds.

Quel symbole tout de même ! Un inspecteur du travail se suicide au sein même de son ministère, imputant ce geste (d'après l'article mais à vérifier) à une surdose de pressions dans son travail et dans les rapports intersyndicaux (il a laissé un courrier). Et dire que le jour où j'apprends ce drame, je vais donner des leçons de management dans une structure associative où les salariés sont en souffrance !

Eh oui, la vie continue. Le combat aussi. Mais il y a des jours comme ça où l'on ressent comme un certain malaise, où la réalité nous frappe de plein fouet, avec des conséquences qu'on ne soupçonne même pas.